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Melbourne, le 21 mars 2007 Notes
pour le mot de M. Proulx prononcé dans le cadre de
l'Assemblée générale annuelle de l'Association des
marchés publics du Québec
La mission des marchés publics dépasse le
strict cadre économique. Ils remplissent une mission
sociale, dans le sens qu'ils jouent le rôle d'une
vitrine pour ce qui est produit localement. C'est aussi
un lieu de rencontre qui reflète la culture et les
moeurs d'une société.
En Europe et dans toutes
les civilisations méditerranéennes, les villes et les
villages se sont construits autour des marchés publics.
L'urbanisation s'est faite de façon concentrique autour
du marché. Dans ces sociétés ancrées dans l'histoire, la
modernité n'a pas balayé ces marchés, devenus des joyaux
où on va pour s'approvisionner, pour s'imprégner de la
culture locale, de l'accent de la place.
Dans un
environnement d'affaires très concurrentiel, qu'est
devenue la distribution alimentaire ? Les marchés
publics doivent se définir. Et cette définition ne doit
pas être une quête d'un positionnement concurrentiel ou
d'une stratégie marketing qui serait proposée par les
bonzes du marketing et les consultants de tout acabit.
Se définir est un besoin urgent pour les marchés
publics petits et grands dans une économie de marché où
règne l'usurpation et l'imitation.
La meilleure
façon de se définir comme marché public, réside dans une
réhabilitation de ce qu'a toujours été un marché public,
ça veut dire retrouver l'essence, ça veut dire être
intraitable sur l'authenticité, et ça veut dire garder
un caractère public qui signifie une appropriation par
le citoyen.
Sans authenticité, sans une
discipline interne, que les marchés doivent se donner
pour eux et pour les citoyens, puisque c'est là que
réside leur mission, une mission citoyenne, il serait
vain de penser limiter les imitations et les usurpations
de ce qu'est un marché public.
Un marché public,
ce n'est pas un label, c'est une identité, un lieu où
s'exprime l'identité d'un peuple, d'une localité. La
véritable valeur ajoutée d'un marché public c'est
l'authenticité, une denrée rare dans l'environnement
commercial, où règnent les sourires artificiels tout
comme la lumière des néons.
On prend la peine de
se déplacer au marché, pour l'authenticité, celle des
produits, moins standardisés, moins uniformes, mais qui
goûtent la terre, pour les odeurs, les parfums et le
rapport authentique. Plus vous donner de cours à vos
producteurs pour être de bons vendeurs, plus vous vous
éloignez peut-être de votre mission. Ça ne veut pas dire
qu'ils doivent demeurer dans l'ignorance du
consommateur, de ses besoins, mais ca veut dire que vous
avez une responsabilité de ne pas accepter n'importe
quoi qui s'offre sur le marché des formations, des
consultants. Vous avez à conquérir une identité, celle
de ce qu'est un marché public, pour amener ces
formateurs et ces détenteurs de savoirs à innover,
s'efforcer de réfléchir autrement, sinon, vous vous
approcher du supermarché.
Se définir me semble
encore plus urgent dans un contexte où le monde change,
l'alimentation change, l'agriculture change, et le
citoyen recherche des repères. Réhabiliter la mission
première, celle d'un lieu public que s'approprie le
citoyen, pour son authenticité, pour sa vigilance quant
aux techniques commerciales qui cherchent à l'influencer
voire le duper, réhabiliter cette mission publique,
revient à faire du citoyen le meilleur défenseur des
marchés publics, de ses marchés publics.
Car ce
ne sont ni les producteurs, ni les gestionnaires des
marchés qui arriveront à faire de ces marchés un choix
de société. C'est le citoyen, pas le client, pas le
consommateur, je dis le citoyen.
Se définir,
c'est le préalable pour se faire entendre et se faire
respecter. Car les marchés ne peuvent pas s'épanouir et
remplir pleinement leur mission dans le maternage de
l'État, ni celui des producteurs ou des commerçants, ni
de quelques intérêts ou groupes. Se définir et se donner
une voix, une voix propre qui ne fait pas que demander,
encore moins quémander, mais qui interpelle le
politique, le citoyen.
Le paternalisme et la
générosité des politiciens ne sont pas garants d'un vrai
développement de nos marchés publics. La place que vous
méritez ne vous sera pas octroyée par quelques groupes
que ce soit. Elle sera arrachée par la détermination et
la conviction que vous servez le bien public, la
conviction ferme que vous êtes là pour les citoyens,
pour un service public.
Pour cela, il faut se
faire entendre, pas pour réclamer de l'argent, mais
d'abord pour vous faire reconnaître, une véritable
reconnaissance qui fait de vous une
alternative.
Pour finir, à l'ère de la
mondialisation, des changements climatiques, du
vieillissement, vous avez plus que jamais une place, une
mission. Celle d'être des vecteurs de développement
durable. Car offrir un assortiment de produits locaux,
c'est aussi dire non à l'absurdité de se procurer des
produits qui ont parcouru 2000 km pour venir, soit de
l'autre bout du monde, soit d'a côté mais après un
détour à Boucherville. La mission d'être des agents de
développement durable puisque derrière les marchés, ce
sont des producteurs artisans, de véritables fermes
familiales qui occupent le territoire, des produits
nouveaux, le goût de vivre de la terre à une époque de
morosité et de détresse, une alternative durable pour
notre société.
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